Le Martroger III : un emblème de l'île de Noirmoutier
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Amarré au port patrimoine de Noirmoutier-en-l’Île, devant l’hôtel d’Elbée, le Martroger III s’apprête à quitter son refuge hivernal pour rejoindre L’Herbaudière et y entamer sa saison de navigation. En attendant une marée favorable, ce magnifique bateau en bois, classé aux Monuments Historiques, voisine encore pour quelques heures avec d’autres coques somptueuses comme le Taora, le Talweg ou encore la Jeanne J, réplique d’une chaloupe traditionnelle de la baie de Bourgneuf. D’une belle élégance, le Martroger, silhouette blanche rehaussée d’un fin liséré bleu, est pourtant un ancien bateau de travail construit en 1933 aux Sables-d’Olonne. Pendant 58 ans, il servit à entretenir les bouées et à veiller sur le balisage entre les îles de Noirmoutier et d’Yeu. Il joua ainsi un rôle fondamental pour sécuriser la navigation des pêcheurs et des plaisanciers. « Lorsque les balises étaient relevées, elles pouvaient cogner contre la coque. Le bateau est donc extrêmement robuste dans sa construction et, en cela, tout à fait unique. Son autre particularité est que, lorsqu’il fut réformé en 1991, il était le dernier bateau à voiles des Phares et Balises », explique Jean-Luc Berthaud, son skipper attentionné, qui veille dessus avec passion. Grâce à la mobilisation d’une équipe de passionnés, réunis au sein de l’association Les Amis du Martroger, il est sauvé d’une disparition inéluctable et occupe, depuis, une place tout à fait à part parmi la flottille noirmoutrine. Nommé ambassadeur de l’île, il est représenté dans les grandes manifestations nautiques et les rassemblements de vieux gréements, notamment lors des fameuses régates estivales.
UNE ÉCOLE DE LA VIELe Martroger a aussi une autre vocation, plus pédagogique. Il embarque des collégiens noirmoutrins ou des petits malades pour des croisières et des stages, ainsi que des résidents des maisons de retraite ou atteints de la maladie d’Alzheimer. Il faut s'adresser à l'association les Amis du Martroger qui embarque des passagers selon la disponibilité des membres bénévoles. Avec ce bateau, on transmet aujourd’hui une page d’histoire, la connaissance des manœuvres, des valeurs humaines comme la solidarité, la tolérance et le partage absolument nécessaires à bord, et bien sûr, le plaisir de naviguer. C’est une école de la vie ! » L’équipage est désormais fin prêt. Comme à chaque mouvement, quelques curieux assistent au départ. Amarres larguées, le bateau remonte doucement le chenal abandonnant à tribord le chantier naval des Ileaux où il fut entièrement restauré, et l’émouvant cimetière de bateaux où reposent à jamais les silhouettes décharnées d’anciens gréements. Depuis la jetée Jacobsen, des badauds profitent de l’aubaine pour remonter eux aussi le cours du temps en accompagnant le voilier. Une fois dans la baie, le Martroger pourra enfin hisser ses voiles et montrer toute l’étendue de son élégance retrouvée.
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