Saga Familiale : Crêperie Le Palais - Maison Martin
Temps de lecture : 5 min
Ce qui fait le charme de l’île de Noirmoutier, outre ses paysages, ce sont aussi les hommes et les femmes qui y vivent. Véritables témoins de la vie insulaire, les familles de l’île de Noirmoutier aiment à partager leurs souvenirs et leur savoir-faire typique.
Curieux d’en savoir plus sur ces familles marquantes qui font de vos vacances de véritables moments inoubliables, nous sommes partis à la rencontre de ces personnalités qui ont participé à la réussite de vos vacances.
Nous commençons ce voyage dans le temps auprès de la famille Martin, installée à Noirmoutier-en-l’île depuis six générations. De la cordonnerie à la crêperie, la famille est devenue un véritable incontournable de vos vacances sur l’île de Noirmoutier. Comment ? Christian Martin et son fils Alexandre nous racontent…
Héritage et partage. Voilà deux termes qui pourraient définir parfaitement les valeurs profondes qui animent cette famille de commerçants. A l’origine du commerce, en 1884, on trouvait au n°4 et 6 de la grande rue de Noirmoutier-en-l’île une épicerie-chapellerie. Ce sont alors bel et bien deux boutiques distinctes, dont les futurs propriétaires, les arrière-grand-parents de l’actuel gérant de la crêperie, héritent. Christian nous raconte d’ailleurs, au sujet de son grand-père, que le patriarche fut l’un des premiers noirmoutrins à emprunter le Gois en voiture. Jusqu’alors, elles faisaient en effet la traversée sur des charrettes, de peur de tomber en panne en plein milieu du passage.
A la chapellerie, les dames venaient se faire confectionner des coiffes, agrémentés selon les occasions et les saisons : des motifs fleuris pour l’été, du noir avec voilettes pour les deuils, ou encore des fleurs d’oranger pour les mariées.
L’épicerie attenante alimente quant à elle les habitants de Noirmoutier-en-l’île. A l’époque, et surtout après 1936 et l’arrivée des congés payés, l’endroit connaît l’essor du tourisme et l’île se remplit déjà à la période estivale. Les commerces sont alors tenus par des noirmoutrins (d’adoption ou d’origine) tous passionnés par le territoire, et qui aiment partager leur amour de l’île aux visiteurs.
Philbert Martin, le grand-père d’Alexandre Martin, hérite des deux commerces au décès de ses parents, et concentre rapidement son activité professionnelle autour de l’épicerie. Activité qui ravive aujourd’hui encore de nombreux souvenirs chez Christian Martin, fils de Philbert.
Je me souviens de l’odeur des produits frais, des fruits et des légumes... Tout cela est encore bien présent dans ma mémoire.
Pourtant, ce commerce d’alimentation générale deviendra bientôt une brasserie, suite à l’implantation de supermarchés sur l’île vers 1975. L'aîné de la famille Martin animera ainsi le fameux “Palais de la Bière”. Le lieu se mis à accueillir une nouvelle clientèle et l’activité se renouvela, toujours installée dans les bâtiments familiaux, qui se transmettent de génération en génération.
Christian Martin nous explique alors la nécessité pour les commerçants de savoir se remettre en question et rester attentif à la clientèle qui évolue. C’est ainsi, après une période de passation avec son père Philbert, que Christian transforme après quelques années la brasserie en glacier. Avec sa femme, ils comprennent rapidement les difficultés que génèrent cette activité saisonnière, et prennent ensuite un nouveau virage en faisant du commerce une crêperie qui hérite de l’appellation : “Crêperie Le Palais, Maison Martin”, en hommage au riche passé de l’établissement.
Une nouvelle passation entre Alexandre et Christian en 2016 a lieu, et la crêperie appartient désormais au fils Martin et sa femme.
Comme nous le comprenons lors du récit, les diverses passations qui ont été faites, bien que la nature du commerce ait changé à plusieurs reprises, se concentrent chacune sur la transmission de la persévérance, de la motivation et de l’attention à porter aux autres. Faire partie d’une entreprise familiale, transmise de génération en génération, c’est aussi accepter une certaine pression familiale.
Une pression qui se transforme rapidement en force.
Elle semble en effet développer chez les Martin une réelle volonté de bien faire, et de perpétuer une histoire familiale unique, ce qui fait sans nul doute le charme du commerce. Les générations Martin ont aussi su se transmettre cet esprit commerçant et ce goût pour le travail en famille. Très tôt par exemple, Christian Martin qui éprouve un réel attachement pour l’île de Noirmoutier, ressent rapidement le manque du territoire lorsqu’il part poursuivre ses études à Challans, sur le continent. Un attachement viscéral qui lui fait comprendre très tôt que sa place est ici, au sein de l’activité familiale à Noirmoutier-en-l’île.
Un sentiment que partage également son fils Alexandre. Parti pour des études d’ingénieur, il revient rapidement à la passion pour reprendre plus tard l’affaire familiale avec son épouse. Un virage qui apparaît aujourd’hui comme une évidence pour l’actuel propriétaire des lieux.
Aujourd’hui, l’intérieur de la crêperie s’est mise au goût de ses nouveaux propriétaires. Aussi, en rentrant dans l’établissement, une ambiance chaleureuse nous frappe. Nous remarquons très rapidement, de par les tableaux accrochés au mur, ou par le piano installé près du bar, que la musique et notamment le jazz, occupe une place spéciale dans le coeur des propriétaires et du lieu.
Alors que l’arrière-grand-père était organiste de la paroisse de Noirmoutier-en-l’île, il a communiqué sa passion pour l’instrument à son fils Philbert, qui lui-même l’a transmise à ses enfants, Christian et son frère. Et devinez quoi, le second fils de Christian est également musicien. Une place prédominante est donc accordée à cette passion aujourd’hui encore dans la crêperie.
Pour la famille Martin, la musique est effectivement une passion familiale mais surtout, elle permet de tisser et d’entretenir de forts liens avec leur clientèle, créant ainsi une véritable alchimie. Car s’il est bien une valeur qui relie ces générations Martin, c’est la nécessité de partager avec ceux qui les entourent ce goût et cette passion qui les animent, et surtout cet amour de l’île de Noirmoutier. C’est une transmission contagieuse capable de faire revenir les familles de générations en générations dans l’établissement.
Une ambition commune que l’on découvre tout au long de ce récit que nous ont offert Christian et Alexandre Martin, lors duquel on comprend rapidement que faire perdurer le commerce et ses valeurs familiales le plus longtemps possible, est une véritable affaire de famille.